Méthodes de dressage du cheval
Méthode par la contrainte
L’homme, pour arriver à ses fins avec le cheval, n’a pas toujours choisi le chemin de la patience, de l’observation. Pour pouvoir assurer sa dominance il avait, et a hélas encore, recours à la violence et à la contrainte.
En tant que prédateur et espèce dominante, l’homme est capable de manifester de la colère, de l’énervement et de l’impatience que le cheval ressent extrêmement bien (cf. perception extrasensorielle). La violence physique aussi bien que psychique conduit à la peur. L’énervement tentant d’être dissimulé, est ressenti par le cheval; celui-ci n’est plus concentré sur ce que lui demande son cavalier, mais sur sa mauvaise humeur et sur les réactions qui la trahissent. Le cheval fait preuve de désobéissance par crainte. Mais le cavalier, vexé par le comportement de sa monture, va accroître son énervement et se servir alors de la violence physique (par exemple utilisation de la cravache ou des éperons de manière excessive). Le cheval ne voit dans cet agissement qu'une agression qu’il tente désespérément de fuir. De cette manière, l’homme inspire la peur à son cheval, et non la confiance.
Voici une méthode décrite par Monty Roberts (L'homme qui sait parler aux chevaux,1997) encore couramment pratiquée aux Etats-Unis. Le cheval est entravé de manière sévère, un sac au bout d’une corde est secoué juste devant lui et parfois même jeté sur sa croupe, ses membres et sa tête; ainsi pris d’une terreur qui l’incite à fuir, il est forcé de rester à sa place. Les cordes entaillent la chair, et le cheval ne manque pas de se blesser. Cette phase se nomme sacking-out. Elle est destinée à " briser " la volonté du cheval. Elle est effectuée sur quatre jours.
La phase qui suit, consiste à relever une jambe du cheval à hauteur de son ventre avec une corde attachée autour du pâturon et de son encolure. Le sacking-out est effectué une fois de plus, réduisant la capacité de résistance des chevaux. Les quatre jambes sont ainsi successivement attachées et le cheval finit par perdre courage.
Ensuite, une jambe est immobilisée et le cheval sellé; il subit de nouveau le sacking-out. Puis il est monté avec un membre attaché et le cavalier tente de toutes les manières possibles de le faire réagir et s’il le fait, la monture est fouettée. Cette procédure dure environ trois semaines.
Il est clair que dans cette manière d’agir toute la relation homme-cheval est basée sur la peur et non sur la bonne volonté. Le comportement de l’homme est totalement paradoxal; il ne veut pas que son cheval réagisse mais il le force à le faire. C’est cependant un phénomène très répandu; certains cavaliers aiment montrer qu’ils sont capables de monter un cheval dit " chaud " et difficile en l’énervant, et en même temps en le contenant. Le cheval ne comprend absolument pas ce qui lui est demandé, et traumatisé, il se défend en ruant, en se cabrant.
C’est cette notion de supériorité par la violence qui est très nuisible.
Un autre exemple, historique ici, est l'œuvre de Grisone, Gli ordini di cavalcare (Principes de cavalerie, tiré de Hartey E. L'encyclopédie du cheval,1995) paru au XVIème siècle en Italie. Il y est décrit toutes sortes de méthodes brutales, quelques recettes pour arriver à bout d’un cheval récalcitrant: ainsi on attachait une torche en flamme, un chat ou un hérisson vivant à sa queue ou quelques objets pointus. Eperons, mors sévère et cravache formaient les chevaux pour les figures de manège; ainsi le port de tête et le rassemblé étaient obtenus, mais par la force. Ces méthodes, donnaient des résultats impressionnants, mais toujours régis par la peur et une soumission totale.
Il serait possible de relater d’autres exemples de cette méthode barbare et violente; l’homme ayant peur de chuter ou d’être agressé, préfère mordre avant d’être mordu, ce qui est un comportement typique de prédateur, ce que le cheval ne comprend pas. L’homme cherche ici à briser le cheval donc à détruire sa volonté ce qui est stupide et primaire. Si le cheval agit par peur il ne ressentira jamais de plaisir et les rapports seront alors conflictuels et insupportables pour les deux espèces. L’homme a souvent un instinct de dominance qu’il exerce sur les espèces dites inférieures. Mais il est nécessaire d’aller au-delà des instincts pour atteindre l’harmonie entre le cheval et l’homme.
La méthode traditionnelle
Après avoir observé la méthode par la contrainte, il est intéressant de voir la méthode "traditionnelle". Cependant, il n'est pas possible de dénommer une méthode précise, car tout cavalier possède une méthode spécifique. En effet, puisque les connaissances et les avis varient, les différentes approches du cheval sont nombreuses.
Par méthode traditionnelle, il faut entendre que le cheval est éduqué et monté d'une manière qui n'est ni réellement violente ni basée sur la compréhension. Il serait alors possible de l'appeler "méthode intermédiaire". C'est d'ailleurs celle-ci qui se retrouve dans les manèges et autres écoles d'équitation.
En général, la violence n'est pas utilisée car l'homme comprend que si le cheval a peur, les résultats en pâtiront. Mais, il est important de noter que la fermeté est extrême, ne laissant au cheval aucun droit à l'erreur. Une faute sera rapidement sanctionnée à l'aide d'un coup de talon ou de cravache. Le cheval aura certes appris à ne pas le refaire mais sera effrayé au moindre mouvement de la cravache.
Ainsi, il est possible de remarquer que le cheval ne sera pas totalement "avec" son cavalier, mais soumis à celui-ci. Le cheval va travailler plus pour son propriétaire que pour son propre plaisir.
Ce type de méthode est souvent "abrutissante" pour le cheval, car si ses besoins psychologiques ne sont pas connus, l'homme en voulant faire bien, aggravera la situation en allant à l'encontre des besoins du cheval. Ainsi, tourner à la longe pendant quinze minutes ennuiera le cheval mais le cavalier pensera que cela est bon pour entraîner la musculature de sa monture. Or, même si cela est vrai, les moyens pour l'entraîner peuvent varier pour éviter l'ennui.
L'exemple des cours en manège est intéressant; des chevaux tournent de trois à quatre heures à la suite avec des cavaliers de niveaux différents. Les montures fatiguées d'être punies pour un rien ou mises entre des mains inexpérimentées, se lasseront et perdront toute "joie de vivre". La monotonie coupe leur volonté de bien faire.
L'apprentissage (appelé "débourrage") dans ce type de méthode est souvent calme et posé, laissant le temps au cheval de s'habituer au matériel et à son nouvel environnement. Mais cette phase ne sera qu'une prise d'habitudes et ne développera pas son intelligence.
Nous pouvons donc déduire que cette méthode cherche plutôt à satisfaire l'homme, mais ne prend pas ou peu en compte les besoins psychologiques de sa monture. Le cheval est réduit à l'état d'un animal qu'il faut traiter en tant que tel sans chercher à affiner la relation. Personne ne pense alors que le cheval est doué d'une certain potentiel pour apprendre et est capable de s'amuser en travaillant.
Le cas contraire est aussi visible; l'anthropomorphisme. En résumé, certaines personnes pensent que les chevaux ont des besoins identiques aux leurs et alors qu'en échange de leur dévotion, il ne leur feront jamais de mal. Or le cheval est capable de tuer net une personne, d'un seul coup de pied. Il ne faut jamais oublier ce fait fondamental; c'est un cheval.
Bien sûr, ce que nous avons décrit, ne sont que des généralités, car il est possible d'observer énormément de variantes. Cependant c'est une base qui revient le plus souvent et que nous pensions intéressante à expliciter.
Les nouvelles méthodes
Ces nouvelles méthodes ont été révélées au grand public il y a environ 5 ans, et révolutionnent l’approche du dressage du cheval. Elles sont basées sur l’écoute et la compréhension du cheval. Elles abolissent alors les anciennes méthodes qui sont plus concentrées sur la soumission par la peur et la contrainte.
Cette vague appelée notamment, nouveaux maîtres ou chuchoteurs a énormément intéressé les cavaliers recherchant l’harmonie avec leur cheval. Il en sera débattu dans le chapitre suivant.